Accueil du site - Projets humanitaires - Gandhiji school - Actualités - 2013 - 27/03/2013 : Match de volley Maruthi School – Gandhiji School

Bonjour,

Mercredi 14h45 le bus 25 places de Sabari Travel entre dans la cour. L’école est fermée aujourd’hui, le lendemain du Annual Day, mais les joueurs et joueuses de volley sont là, déjà en uniforme, prêts pour le match de revanche contre la Maruthi School. Seul le petit Vinoth est absent, ses parents ne lui permettent jamais rien, par dureté mal placée…

Six élèves ont été désignés par Annamalai : Priyadhasan le Capitaine, Yogesh le Vice-Capitaine, Raveen le sport leader, Puviarasan et Kamalesh. Et bien, il manque le numéro 6… ? Bien sûr, c’est SK, prononcer Yess-kay, alias Serial Killer, le moustique aux services ravageurs… ! Sylvester est première réserve, suivi de Murugan, Praveenkumar, Gowshikan et Rajesh dont c’est l’anniversaire, le chançard. Les filles pratiquent le volley depuis trop peu de temps pour faire de la compétition, leur tour viendra.

Et c’est parti. Il faut plus d’une demi-heure pour arriver à Lawspet, de l’autre côté de Pondicherry. Il est presque 4 heures mais le soleil est encore bien haut. La sueur s’annonce.

Les deux équipes se font face, il y a de la nervosité dans l’air, en tous cas du côté de nos petits mauves. Les autres, des grands garçons de 7ème et de 8ème ont l’air assez relax, ils se savent supérieurs et ils l’ont déjà montré. Une différence est flagrante : nos petits mauves sont en vêtements parfaits, et on sent qu’ils forment une équipe serrée, peut-être à cause de la peur au ventre dans cet environnement complètement inhabituel ? Une grande école austère et impersonnelle, un terrain de jeu en terre battue alors qu’ils sont habitués à leur sol dallé. Une autre différence sautait aux yeux : les mauves ont avec eux un solide groupe de supporters de leur école, y compris 4 institutrices, alors que ceux de la Maruthi School sont seuls, …et désinvoltes. Les élèves qui quittent l’école vers 4 heures semblent indifférents.

Ils vont disputer ce qu’on appelle ici "the best of five" c’est-à-dire 5 matchs maximum. La première équipe qui remporte 3 matchs est victorieuse. Un match est gagné par l’équipe qui totalise 25 points.

1er match : remporté par les "biros" par 25 à 22. J’oubliais de préciser que les joueurs de l’équipe adverse sont surnommés les biros, les armoires…, tellement ils sont grands et gros par rapport aux nôtres. En tamil, biro signifie grande armoire métallique…

2ème match : remporté par la GS par 25 à 19. Le Capitaine Priyadhasan a mis SK au service. Cela a saigné de partout…

3ème match : il est très long, il est à nouveau remporté par les biros par 25 à 20. Les petits mauves sont vidés. Ils ruissellent. On les éponge. On vide quelques bouteilles d’eau, on passe au dopage par chokotoffs… mais quand même, il faut être fair-play, les biros en reçoivent aussi, pourtant ils feraient bien d’être au régime, ceux-là…

Annamalai et Selvam le PET encouragent comme ils peuvent mais la décision des emplacements est laissée au Capitaine. SK restera au service pour le match suivant. Il semble bien décidé à en finir…

4ème match : remporté par la GS par 25 à 21. Le coach des biros est de plus en plus fâché sur ses troupes mais tout reste correct. Il faut savoir que cette école est payante et que l’entraîneur est sensé les faire gagner, s’il veut garder la considération…, et sa place.

5ème match, le suspense devient presque intolérable. Le rédacteur de ces lignes n’en peut plus. Comme dans les films de xème niveau, les bons sont en train de perdre et rien ne semble encore possible pour les sauver. Ils font erreur sur erreur.

Priyadhasan se met au service et remonte le score. Lentement, trop lentement pour les nerfs mis à rude épreuve…, mais au bout d’un temps qui semble infini il arrive à égaliser à 20-20, puis cela continue, les mauves remontent encore, et encore jusqu’au climax, ils sont à 23 à 20, il ne reste que deux points à prendre… Priyadhasan galvanisé continue sur sa lancée et administre l’estocade : 25 à 20, les mauves ont ga-gné !! Les biros sont effondrés, c’est l’euphorie, tous les supporters GS se ruent sur le terrain, ils soulèvent les joueurs, ils propulsent SK dans les airs, ils hurlent de bonheur, on a battu les biros sur leur propre terrain !!!

Deux coupes sont remises aux deux Capitaines, celle des vainqueurs et celle des vaincus.

Sans plus attendre les GS rejoignent leur bus. Alors, décrire le retour est illusoire, on peut tout au plus l’imaginer. Ils ont dansé sans arrêt sur un CD de tubes dernière mode dont tous connaissent les paroles et dont le chauffeur tout aussi amusé n’hésitait pas à augmenter le volume. La tornade musicale a traversé ainsi tout Pondy, porte et fenêtres ouvertes, jusqu’au village de Kombakkam et à la GS… dont les Security avaient déjà ouvert toutes grandes les grilles pour la Joyeuse Entrée…

Il devait être six heures et demie. C’était le temps de la décompression, du sprite et du fanta. Il en restait quelques bouteilles de la veille, prévues pour les invités, les élèves n’en reçoivent jamais. Sur les photos c’est le Capitaine qui régale, c’est lui aussi qui arbore le trophée…

Pour moi le plus merveilleux restait encore à voir, à vivre. Je pensais qu’ils allaient rentrer chez eux, que tout était fini ? Et bien non. Ils se sont assis en cercle impeccable, avec Annamalai et Selvam, le professeur de gym. Guidés par la voix douce de ce dernier ils ont discuté ensemble du match. Selvam les invitait tour à tour à se lever et à donner leur avis, à dire selon eux quels étaient les points positifs, les négatifs, qu’est-ce qu’on devrait améliorer à l’avenir, qu’est-ce qui nous différencie de l’autre école.

Les réponses étaient éloquentes de vérité. Nous formons une réelle équipe. Nos entraîneurs ne critiquent jamais nos erreurs. On se sent toujours encouragé. On a des supporters. On est vêtu plus correctement. Entre nous on ne se critique pas non plus. on ne joue pas en individuel. Etc. Seul SK fort timide n’arrive pas à s’exprimer publiquement. Selvam le fait se rasseoir et lui dit de réfléchir à son aise. Quelque temps plus tard il réessaye. Le petit SK se lève et parle enfin. Il explique "avoir vu le coach adverse se fâcher après leur première défaite et dire aux joueurs qu’ils n’avaient qu’à se débrouiller seuls"…, ce que plusieurs autres avaient aussi remarqué avec grande surprise, n’étant pas habitués à une telle attitude.

Nous n’avons pas de photos du match, Annamalai tout concentré avait oublié l’appareil... Mais les biros étaient les mêmes que ceux déjà vus dans l’article antérieur, on peut les voir dans cette même rubrique. Les photos qui suivent ont été prises après le retour à la GS, certaines sont floues, la lumière commençait à manquer.

Priyadhasan et le trophée

Francisca la Capitaine des filles et Annamalai

SK l’esprit ailleurs, encore dans le match... ?

Yogesh et Selvam, le PET

Selvam a rappelé que bien que prof de gym il n’était pas du tout expert en volley ball, que l’entraîneur de ce sport était Annamalai et que c’est lui qui continuerait à les faire progresser, ce à quoi tous les enfants applaudirent en chœur. Et Annamalai avec simplicité d’ajouter que c’est tout le projet Mala qui le motive et lui permet de les entraîner et de leur donner confiance en eux-mêmes, ce qui fut suivi par une nouvelle série d’applaudissements…

Quelques autres photos :

Lien vers l’album

Cet impressionnant débriefing de près de trois quarts d’heure fut suivi de mimes enfantins informels et spontanés, de bonnes blagues et d’éclats de rire bien de leur âge, …un sentiment général de bonheur partagé, …et mérité.

Tout doucement on va pouvoir prendre de la distance, chaque point acquis est assimilé. La GS est bien lancée, elle est en de bonnes mains.

A bientôt. Thierry