Accueil du site - Projets humanitaires - Gandhiji school - Actualités - 2012 - 08 janvier 2012 : « THANE », le cyclone le plus dévastateur sur Puducherry depuis le début de l’Histoire météorologique.

« THANE », le cyclone le plus dévastateur sur Puducherry depuis le début de l’Histoire météorologique.

Thane (prononcer thané) est arrivé sur la côte sud-est à Cuddalore dans la nuit du 29 au 30 décembre. Il est ensuite remonté jusqu’à Puducherry à une vitesse de 125 km/h. Il était 2 heures du matin, c’était terrifiant. La ville privée d’électricité plongée dans le noir total et dans un vacarme étourdissant. On ne pouvait encore que deviner l’ampleur du désastre, on entendait des arbres s’abattre lourdement, d’autres s’écarteler et tomber sur des voitures en stationnement, des débris en tous genres, des panneaux, des tôles voler d’une façade à l’autre et s’écraser çà et là pour se ré-envoler ensuite, des claquements de portes ou fenêtres arrachées. Une nuit horrible. Après des pointes de vitesse atteignant 145 km/h la fureur du cyclone s’est enfin calmée vers 10 heures du matin. Malgré cela, quasi aucun véhicule ne circulait en rue, le vent restait très fort et le danger trop important.

Bloqué à l’hôtel à Pondy je mourais d’envie d’aller à la Gandhiji School (GS) mais ç’aurait été suicidaire. Heureusement juste avant la coupure générale des lignes téléphoniques j’ai pu atteindre le gardien de l’école : une dizaine de nos élèves venus demander asile étaient accueillis chez nous avec leur famille pour passer la nuit au sec. Cette nuit-là et la suivante, notre « mandapam » ou salle traditionnelle à colonnes, aura servi de grand dortoir…, avec le matin du bon lait chaud qui nous restait en réserve.

Ce n’est que le lendemain, la veille du Nouvel An que l’ampleur des dégâts s’est révélée. Des centaines de pylônes électriques couchés, les câbles dangereux pendant au travers des routes, dans les flaques d’eau, une innombrable quantité d’arbres déracinés, déchiquetés, barrant les routes un peu partout, le parc Bharati et le jardin botanique, joyaux de la ville anéantis, les huttes et petites maisons à structure de bois détruites par centaines ? Par milliers ? Les bananeraies rasées, les plantations ruinées, les pauvres gens privés d’habitations, campant dans les rues et le long des routes des villages voisins… Il m’a fallu près de deux heures pour arriver à l’école, contre 20 minutes en temps normal…

Cette semaine de la fin décembre les écoles étaient en congé.

Les villages sans électricité, sans transports publics, sans distribution de lait ni d’eau potable, les stations essence non ravitaillées, les matériaux de construction introuvables…, le Gouvernement a donc ordonné la prolongation de la fermeture des écoles : elles ne rouvriront que lundi 9 janvier.

A la Gandhiji School les dégâts sont limités : une quarantaine de vitres cassées dans les pièces encore en travaux, quelques portes et châssis arrachés, la structure en bois du futur roof top hall sur la terrasse à refaire, la grosse moitié des beaux arbres du jardin arrière effondrée…

Hélas sur les douze familles que comptent nos institutrices, cuisiniers et personnel, onze d’entre elles ont perdu tout ou partie de leur habitation. Une des instits pourtant éternellement souriante expliquait qu’ils venaient d’inaugurer leur nouveau logis il y a un mois. Ils avaient construit un étage en bois de cocotier au-dessus de la maison en dur des parents : il a été complètement soufflé, cela leur avait coûté 45.000 roupies (700 €). Les larmes lui coulaient sans arrêt pendant qu’elle parlait… Très dur. Et le récit des autres n’était guère plus réjouissant.

Nous avons alors pris deux décisions.

Tout d’abord de donner à chacune de ces douze familles une somme égale de 10.000 roupies à titre d’aide Mala et un set de vêtements supplémentaires pour la fête de Pongal proche.

Ensuite un « notice board » a été placé à l’entrée de la GS indiquant que malgré la fermeture scolaire, l’école serait ouverte tous les jours de la semaine pour le lunch. De cette manière les enfants qui n’habitent pas trop loin -et tout notre personnel- recevraient un bon lunch bien copieux. Le repas serait aussi offert à tous les enfants non élèves chez nous qui se présenteraient.

Et en effet, chaque jour de la semaine, un groupe d’une quarantaine de nos élèves et d’une quinzaine d’extérieurs sont venus se régaler. Ils ont ensuite joué entre eux et avec leurs institutrices, au ballon, aux balançoires, au carrom… jusqu’à trois heures passées, et chacun a pu réaliser qu’à la GS ils ne sont pas considérés uniquement du point de vue scolaire mais aussi comme des membres d’une grande famille où on s’entraide dans la difficulté. Mis à part les circonstances difficiles, cette semaine à la GS a vraiment été une période de bonheur. Les enfants ont joué comme jamais, ils ont pu s’exprimer plus librement, certains très fermés comme Kithyon, Harini, Francisca, Suriya… se sont vraiment « débloqués », à la grande surprise de leurs Miss…

En ce qui me concerne également j’ai beaucoup appris en discutant avec les institutrices et avec le personnel. Je pense que de leur côté aussi « quelque chose » se sera passé qui leur aura ouvert les yeux sur les objectifs poursuivis par Mala.

Lundi 9 janvier, c’est après-demain. La GS rouvrira à 8h30. Les instits s’assureront que chaque élève qui arrive soit parfaitement propre et en bel uniforme. La première « Assembly » se tiendra dans la cour à 8h45. La vie reprendra son cours…

Thierry