Accueil du site - Projets humanitaires - Gandhiji school - Actualités - 2014 - 24/03/2014 : SAMEDI 22 FEVRIER, UNE TRES DURE EXPERIENCE

SAMEDI 22 FEVRIER, UNE TRES DURE EXPERIENCE

Bonjour,

6h du mat, le petit monde s’agite. Il fait rudement froid. Ils vont l’un chez l’autre, se réveillent mutuellement, ils circulent recouverts d’anoraks, de serviettes, de cagoules, tout en mâchonnant la brosse à dents…

Les enfants tamils se douchent toujours à l’eau froide, mais quand l’eau est froide chez eux, elle a 25 ou 30°…, ici elle en a 5 ou 6… "uncle, too cold, not possible" ! Mais Mahesh a prévu des chauffe-eau qu’on immerge dans les seaux, on va se débrouiller. Dans les chambres voisines, ceux de Apna Ghar sourient, l’eau froide ça les connaît, ils sont déjà au "mess", ils papotent autour d’une tasse de thé…

Après le petit déj, en route pour la visite des Apna Skools et des briqueteries, depuis le temps qu’on en parle, tout le monde est curieux. Il faut prendre vestes et plastiques, il pleut et le brouillard est glacial.

"Il pleut", à Kanpur, en février… ? Il y a plus de 25 ans que ce n’était plus arrivé. Et c’est la 2ème fois en moins d’un mois. Dès l’arrivée à la 1ère "bhatta" ou briqueterie à ciel ouvert, on comprend l’étendue du désastre. Ces immenses champs de briques fraîchement démoulées sont à l’arrêt, tout est comme mort… ? Des semaines de travail anéanties, toutes ces briques qui "fondent" lentement dans l’eau, tout est à refaire. C’est la ruine pour ces travailleurs, ils ne toucheront pas une seule roupie de dédommagement. On les voit par ci par là qui émergent de leurs "habitations", des trous humides parmi les piles de briques, pas d’électricité, pas d’eau courante. Des ombres humaines vêtues de loques, qui nous regardent sans un mot…

Nos enfants encaissent le coup, les institutrices sont choquées. On ne peut rien dire, on ne peut rien faire. Jusqu’où peut aller la déchéance humaine ? Comment ces familles survivent-elles ? Elles doivent mendier auprès de leur "patron". Pour avoir à manger. Elles reçoivent un minimum mais elles devront rembourser les intérêts, bien sûr… Et ainsi leur esclavage se poursuit, inexorablement, de génération en génération.

Les gorges sont serrées. La visite suivante est celle d’un four en activité. On y cuit toutes les briques qui ont pu être sauvées avant les pluies. L’ambiance est mortelle mais on fait belle figure, on descend dans le trou circulaire pour mieux comprendre le fonctionnement de la bhatta.

Jusqu’au grand soir on visitera une série de "Apna Skools", 5 en tout sur les 24. Dure leçon de choses pour les élèves de la GS, retour aux sources pour ceux de Apna Ghar qui accompagnent et qui retrouvent leurs familles, leurs amis, les lieux de travail où ils étaient eux aussi jusqu’il y a moins d’un an, avant leur grand saut vers une autre vie…

Harassant. Tant physiquement que moralement. Certains au bout de leurs forces rentrent en fin d’après-midi. Un petit groupe plus costaud tient jusqu’au bout, pour ne pas décevoir la dernière Apna Skool (celle des trieurs d’ordures) qui nous attendait patiemment pour nous montrer leur école.

Lorsque l’arrière-garde rentra, quelque chose se tramait à Apna Ghar, l’accès à la Library était interdit… ? Ce soir-là, cela tombait vraiment bien, c’était l’anniversaire de Ramya et de la petite Abinaya, la fille de la Directrice qu’on peut voir de temps en temps sur les photos. La déco improvisée last minute était magnifique et le cake géant "grandioso" !

Quelle journée ! Malgré la fatigue il fallait la terminer sur une note positive, une petite discussion ensemble, après la fête d’anniversaire et le dîner …vers 11h du soir, quelques mots seulement. On se sent tellement impuissant devant cette détresse humaine, devant cette injustice, mais au moins ce qu’on fait avec Asha et Mala c’est déjà un petit quelque chose. On nourrit chaque jour les 600 enfants des Apna Skools, Apna Ghar existe et se montre, ses enfants veulent une autre vie, ils le disent bien haut, d’ailleurs demain toutes les familles sont invitées à le constater, on attend au moins 400 personnes !

Lien vers l’album

Vidéo :

A suivre. Thierry

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